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  • Photo du rédacteurJérémy Français

Confinement : le constat !




Quelques mois se sont écoulés depuis la situation inédite qui a bouleversé le monde et les habitudes de milliers de cyclistes. Il est tant de faire un point sur cette période très spéciale pour tirer un premier état des lieux.

Ce constat se base sur la méthodologie de travail que j'ai conservé avec mes athlètes au cours de la période de confinement. Dans une situation plus qu'inédite et sans recul, j'estime que toutes les situations étaient défendables et qu'aucune ne doit être sujette à critique. Le but est en revanche de faire un premier constat pour voir par la suite s'il est possible de tirer des enseignements pour éviter de reproduire les erreurs et avancer dans le bon sens.


🔸 Ké za ko ?

Tout d'abord, il nous a fallu comprendre à tous ce qui nous tombait sur le coin du nez. Il faut avouer que cela nous est arrivé au pire moment. La saison venait tout juste de se lancer pour le peloton élite et devait débuter expressément pour l'ensemble des coureurs amateurs. Il n'en fût rien !

Confinement oblige, nous voilà tous à pied, pour sûr en ce qui concerne le peloton Français. Situation inédite, qui a bousculé les plans établis pour la saison. On ratiboise tout et on repars d'une page blanche. Mais que faire à ce moment là ?


🔸📢 "STOP, COUPEZ, on la refait !" 📢

Chacun a géré cette situation inédite en s'adaptant pour le mieux, mais en ce qui concerne la division national 1 et les athlètes avec lesquels je travail, le mot d'ordre a été simple: on coupe !

Pourquoi ? tout simplement car nous n'avions pas de visuel, ni à court terme, ni à long terme sur les potentiels futurs échéances. Sur quoi se baser et comment procéder sans objectif ? Au moment ou le confinement s'est mit en place nous n'avions aucun moyen de le savoir et nous ne pouvions pas pronostiquer un pic de forme sur une hypothétique période sans courses. Non sans simplicité après tous les efforts consentis durant l'hiver et avec beaucoup de compréhension, tous les coachés ont respectés une semaine minimale de repos.


🔸 Quel mode de fonctionnement durant le confinement ?

Tous les choix étaient défendables dans une situation inédites et sans précédent, et trois tendances ce sont dégagées à ce moment là:

- La première qui a vu une partie des athlètes continuer a avoir une démarche d'entrainement mobilisant une charge d'entrainement respectable.

- La seconde qui a vu une partie des athlètes se détacher de cette démarche d'entrainement et gérer au feeling leur entrainement et motivation et qui ont réduit grandement leur charge d'entrainement

- Et la dernière qui a vu une catégorie de coureur profiter de l'occasion ou succomber à la tentation de s'essayer à beaucoup de chose avec bien souvent une gestion anarchique et volumineuse de la charge d'entrainement.


Pour ce qui concerne les athlètes que je coach, nous avons gardé une démarche d'individualisation et de planification avec un visuel à long terme. Une fois encore, il ne s'agissait que de mon approche, mais l'objectif était de pouvoir donner une ligne directrice, un but en évitant de tomber dans la sur-enchère des plateformes connectées et des défis démesurés. Lors de ces longues journées, il devenait plus facile de tourner les jambes sur le HT que de ce voir tourner en rond dans le salon...


🔸 Intensité VS Volume

Même si c'est quelques choses qui reste du domaine du réalisable, nous avons durant le confinement fait le choix sur HT du qualitatif au détriment du volume. Un entrainement de qualité permet de cibler des zones d'entrainement précises afin de conserver voir même développer certaines aptitudes. Tout n'est pas idéal sur HT, à l'image des efforts maximaux (sprints,...), mais cela permet tout de même de parcourir la grande majorité des filières énergétiques et d'essayer de conserver les acquis.

S'entrainer de manière structurer permet également de réduire le timing des séances pour aller à l'essentiel afin de manager avec plus de maîtrise la charge globale d'entrainement en lien avec l'hypothétique période de reprise en compétition visée. Pour le coureur qui souhaite conserver un minimum d'acquis dans une démarche de performance, cela s'apparente à la solution inévitable, pour ne pas dire miracle. De plus, sans revenir en détail sur les effets positifs et négatifs du HT qui font l'objet d'un autre post, il est évident que l'on prend un risque à multiplier les heures en intérieur.



🔸 La charge d'entrainement !











(Graphique 1) (Graphique 2)


C'est l'un des paramètres les plus évidents ayant été impactés par le confinement. Rien d'étonnant, puisque qu'elle soit calculé selon la charge de Foster (perception de l'effort) ou via le TSS (capteur de puissance), elle intègre la durée de l'effort. Les graphiques ci-dessus montrent cet 'impact du confinement sur la durée d'activité et sur la charge d'entrainement. Et même si avec une bonne gestion il est possible de limiter la casse (graphique de gauche), l'évolution progressive d'une année à l'autre a été inévitablement impactée (2019 vs 2020).

Le constat est encore plus amère pour un athlète ayant été atteint du covid 19 (graphique de droite). Dans ce cas là, on voit clairement une inversion de la charge dût notamment à la diminution du volume en comparaison d'une saison à l'autre. Déjà à ce stade, on peut se demander quel sera l'effet à long terme ?



🔸 Modélisation de la performance !

(Graphique 3)


Ci-dessus on retrouve l'exemple du modèle de performance d'un coureur élite durant la période de confinement à partir du modèle Training Stress Score via les données de puissance. On dénote ainsi plusieurs effets significatifs en lien avec la diminution de la charge d'entrainement (TSS):

↘️ Diminution du fitness (CTL - courbe bleu)

↘️ Diminution de la form (TSB - courbe jaune)

D'autres effets sont également à mettre en lien avec une pratique (adaptée: séances courtes et qualitatives) exclusive du home trainer:

↗️ Augmentation de l'intensité factor (IF - point bleu)

↗️ Augmentation de la fatigue (ATL - rose) au fil des jours


(Graphique 4)


Le constat est clairement le même avec un autre athlète élite à partir du modèle de performance basé sur l'indice de charge (Foster) via les données de sensations (graphique ci-dessus).

↘️ Diminution des aptitudes et de la performance (courbes vertes et bleue)

↗️ Augmentation de la fatigue (courbe rouge) malgré une baisse du volume et de la charge d'entrainement.

Même si ces deux coureurs ont respectés une période de repos en début de confinement de quelques jours face à l'inconnue de la situation, la baisse n'est pas d'ordinaire aussi importante (Graphique 5).

Le HT est palliatif pour garder une condition physique ou en complément d'une programmation normale, mais pas sur une période aussi longue. Il parait difficile de remplacer l'effet bénéfique des sorties d'endurance par un travail uniquement à base de séance courte en intensité.

(Graphique 5)


La fatigue est l'un des dernier élément à prendre en compte durant cette période. On voit très nettement qu'elle augmente au fil des jours pour atteindre un niveau en fin de confinement proche de certaines périodes volumineuses de préparation (courbe rouge, graphique 4). Compte tenu du fait que le niveau de fatigue est obtenu à partir du produit de la charge d'entraînement et de la réponse à la fatigue à cette charge, il est plutôt surprenant de la voir augmenter autant. Deux variables peuvent expliquer cette évolution:

↗️ L'augmentation de l'intensité des séances (graphique 3)

↗️ L'augmentation de la charge mentale (graphique 4).

La répétition des séances qualitatives dans un environnement quotidiennement identique peuvent induire une monotonie, voir une lassitude qui impact la motivation au point d'avoir un affect sur la charge mentale. Chaque individu réagit différemment à un entrainement dans ces circonstances et il est important de ne pas négliger cet aspect de la performance pour la suite.


🔸 Profil Puissance Record !

On l'a vu le confinement affecte certains paramètres de la performance, et cela à un impact sur les aptitudes physiologiques.

(Graphique 5)

(Graphique 6)


Si l'on prend l'exemple de 2 coureurs élites* aux physiologies totalement différentes: grimpeur (graphique 5) et sprinteur (graphique 6). Le constat est visible au premier coup d’œil entre le 🔵 PPR globale et le 🔴 PPR confinement:

↘️ Chute drastique de la Pmax

↘️ Altération des qualités lactiques

↘️ Diminution des qualités d'endurances


Néanmoins, compte tenu d'un PPR indoor vs outdoor (zones de puissance ajustées en indoor) certain points sont plutôt à relativiser:

➡️ Maintien des qualités de puissance aérobie

➡️ Maintien du niveau d'intensité et de la qualité des séances


Il s'agit là d'un simple constat facilement identifiable, mais qui fait une différence notable entre différentes typologies de coureur dont-il faut évidement tenir compte afin de minimiser l'impact sur ces qualités primordiales. A noter que les deux coureurs ont effectués des séances qui regroupent l'ensemble du panel des qualités physiques représentés excepté pour la capacité d'endurance.



🔸 En résumé

Ce qu'il faut retenir de la démarche d'entrainement que nous avons eu mobilisant une charge d'entrainement respectable et qualitative sur HT:


Les - :

↘️ Diminution de la performance en lien avec la diminution de la charge d'entrainement

↗️ Augmentation de la charge mental en lien avec l'augmentation de l'intensité et de la fatigue

↘️ Altération des qualités explosives, lactiques et d'endurance difficilement adaptable en qualité et répétition sur HT


Les + :

➡️ Maintien du niveau d'intensité et de la qualité des séances

➡️ Maintien des qualités de puissance aérobie



🔸 Perspectives ?

On vient de le voir, les restrictions du confinement ont impactées de manière inévitable et de différentes façons les aptitudes physiques. D'un point de vue physique cela suppose qu'il faudra en tenir compte pour adapter la reprise en conséquence. L'endurance, les qualités explosives et lactiques devront certainement prendre une part importante de la préparation pour s'assurer de retrouver leur niveau. Plusieurs tests de terrain viendront initialement faire un état des lieux des aptitudes physiques et par la suite faire le constat de leurs évolutions.

La première des choses et peut-être de prêter attention à l'augmentation de la fatigue subit lors du confinement pour ne pas hésiter à reposer physiquement et surtout mentalement le coureur. Il devra disposer de toute ces ressources motivationnelles pour se "rentrer dedans" lors des séances explosives et lactiques et lorsqu'il devra repartir à nouveau stimuler son endurance pour plusieurs heures de selle.

C'est en quelques sortes une deuxième préparation qui débute après la première hivernale. Qu'en sera t-il par la suite ?


Afin d'avoir un visuel complet sur cette année particulière et de pouvoir en tirer quelques enseignements, nous tenterons de dresser un bilan de l'année dans un prochain post.

Quoi qu'il en soit, je ne peux que vous encouragez à dresser également un bilan de votre année pour en ressortir le bon comme le moins bon. Nous apprenons de nos erreurs et c'est comme cela qu'il est possible d'avancer rapidement dans le bon sens.



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